Sismique

Le monde change et on n'y comprend rien ! Écologie, géopolitique, économie, technologie, société... On décrypte.

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Par Julien Devaureix
3 avr. · 7 mn à lire
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Retour vers le futur

Nous n'aimons pas les surprises

Καλημέρα (Kaliméra)

Ça veut dire bonjour en grec. 

Et si on parlait un peu du futur…

Hoverboard, un rêve d'enfantHoverboard, un rêve d'enfant

“Retour vers le futur” (de Robert Zemeckis, 1985) est ma référence lorsque l’on me demande quel est mon film préféré. Ce n’est certainement pas le meilleur film de tous les temps, mais c’est une de mes madeleines de Proust. Le souvenir d’une époque, de mon enfance, mais aussi du rêve d’un certain futur.

J’ai depuis longtemps été attiré par ce qui arriverait demain, je voulais grandir vite pour être déjà dans l’avenir, ce lieu plein de gadgets incroyables, de paix, de joie, habité de tous nos fantasmes de progrès.

En 2024, j’ai un peu moins hâte de vieillir, et les belles promesses semblent avoir disparu. Le futur ne fait plus tellement rêver.

Est-ce qu’il faut arrêter de se projeter pour autant ? Évidemment non.

Mais pourquoi au juste ? À quoi cela sert-il d’essayer d’anticiper ce qui vient ?

Pour l’anecdote, j’ai failli appeler mon podcast “Futurs”. Le nom de domaine était pris alors je me suis rabattu sur Sismique (sans regret) sans toutefois lâcher tout à fait la question qui me taraude depuis le début : qu’est-ce qui nous attend ?

Le premier logo (2018)Le premier logo (2018)Sans vraiment nous en rendre compte, nous passons notre temps à essayer d’anticiper ce qui pourrait arriver. Et nous le faisons pour une raison simple : la survie. Nous avons besoin de nous assurer que nous serons demain en mesure de répondre à nos besoins de demain. Si nous ne nous projetons pas un minimum dans l’avenir, notre frigo sera vite vide, puis notre compte en banque, puis… vous connaissez la suite. Certes, certains n’ont pas besoin de trop se soucier de faire des prévisions, soit parce que d’autres s'en occupent pour eux (les parents le font pour leurs enfants par exemple), soit parce qu'ils disposent d'un coussin de sécurité suffisamment important pour “voir venir”.

Je vous offre un petit extrait de mon livre qui aborde cette idée qui me semble centrale.

J’appelle cela le Jeu de la Vie.

Le jeu est complexe, mais les objectifs me paraissent finalement assez simples :

  1. Survivre : continuer à jouer.

  2. S’épanouir : « vivre sa vie », comme on lit dans les livres de développement personnel. Puissance, bonheur, joie, contentement… il y a différentes manières d’envisager la chose.

Nous jouons le plus souvent machinalement, mais nous développons quoi qu'il en soit des stratégies pouvant nous mener à atteindre ces buts. Chaque jour, nous sommes amenés à faire des centaines de choix qui conditionnent nos actions, nos humeurs, nos relations, notre travail, nos amours… Mis ensemble, ils déterminent qui nous sommes et ce qu'est notre vie.

Ces choix – qui sont le reflet de notre stratégie – découlent en partie de notre compréhension du credo. De manière consciente ou non, notre lecture du jeu nous permet de faire des paris sur l’avenir.

Je fais un pari sur moi-même et sur mon partenaire de vie quand je décide de me marier. Quand je monte dans un avion, je parie que le pilote est compétent et que les lois de la physique ne changeront pas subitement en cours de vol. Quand je choisis mes études, quand je place mon argent, quand j’éduque mes enfants, quand je grille un feu orange… je mise chaque fois un petit jeton sur l’avenir, sur la base de ce que je comprends du présent et de son fonctionnement.

Pour bien jouer, pour que nos stratégies fonctionnent, il est logiquement préférable de bien apprécier toutes les subtilités du règlement.

Je joue, tu joues, ils jouent… Tout le monde joue donc, chacun dans son coin, à sa manière parfois, mais essentiellement selon des règles communes, avec les autres. Et plus nous sommes nombreux, plus la partie devient complexe, car évidemment, nous sommes confrontés à un ensemble de protagonistes, de mouvements, d’événements, de dynamiques avec lesquels nous devons composer pour « avancer ».

Quand nous sommes avec nos parents, nos frères et nos sœurs, nous jouons à la famille. Il faut bien se tenir à table (ou pas), être la fille, le gendre, la grand-mère idéale, faire des offrandes aux ancêtres, enlever les chaussures dans la maison…

Quand nous sommes tous ensemble, on dit qu’on joue à un « jeu de société ». Chaque société a ses conventions que nous sommes supposés respecter si l’on veut prétendre appartenir au clan.

Selon le contexte, ces codes de conduite sont aussi désignés comme « lois » ou « culture », et permettent de « vivre ensemble » en réduisant les pulsions de violence. Quand nous sommes vraiment tous impliqués (les humains), le jeu s’appelle Civilisation(s), ou « Humanité » si l’on veut inclure nos ancêtres chasseurs-cueilleurs et les quelques milliers d’individus qui vivent encore aujourd’hui en autarcie. Nous passons notre temps à naviguer entre ces différents niveaux de lecture, et comme nous le verrons, la confusion est courante entre les directives relevant de l’opinion, de notre humeur, de notre tribu, ou encore celles qui sont en réalité des lois indépassables.

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